Abstention et Démocratie !
La démocratie consiste à écouter et voter pour décider une majorité de pouvoir.
- Écouter, comment ?
Au printemps, les candidats se sont présenté physiquement. Les Verts ont pu constater que les électeurs n'ont pas voulus se faire connaître. C'était la même chose pour le Front de Gauche mais il y a quelques soutiens, Pour le Parti Socialiste il en est de même avec plus de monde. L'UMP avait organisé un spectacle : l'assemblée n'a pu poser de questions. C'était la foule avec la présence de maires du canton en signe de caution. Auparavant le Front National était venu se présenter : un auditoire aussi important qu'à la réunion PS, mais des prises de parole d'électeurs pour approuver ou émettre des doutes, interrompant la candidate : il est indéniable que ce parti fait revivre le politique différemment d'un office religieux. Il est vrai que le discours reprenait ce que les électeurs voient à la télévision et non l'action d'une collectivité départementale. Il est vrai que la parole est plus libre face à des candidats qui nous sont anonymes.
La citoyenneté, c'est cadrer le débat et débattre les arguments. Il est malheureux de constater qu'un seul groupe de candidats s'est trouvé dans cette situation.
- Voter, pourquoi ?
1 parce qu'on est obligé (à l'avenir ?)
2 parce qu'il faut maintenir des hommes en place pour asseoir les pouvoirs civils.
Les jeunes candidats qui ne sont pas présentés par le pouvoir, sont douteux pour leur capacité de gestion
3 parce qu'actuellement les politiques considèrent que 60 % des votes de ceux qui ont pris parti, est le signe d'une victoire . Dans notre système majoritaire cela signifie que la voix des 40% minoritaires n'est pas prise en compte : leur vote n'est pas plus utile à la démocratie que celui des abstentionnistes. Un sondage aurait économisé beaucoup d'énergie .
Mais l'intérêt politique lorsqu'on approche de la majorité, est de basculer dans un pouvoir sans opposants acteurs. C'est la crainte ou le vœux à l'égard du Front National.
- Voter blanc !
Aux élections départementales, il y eut peu de blancs mais beaucoup d'abstentions . Cette situation constante partout avait justifié la loi du 21 février 2014.(1) Celle-ci devait convertir l'abstention en vote blanc, action faite par le citoyen.
Donc, la loi n'est pas le remède : Il y a eu erreur d'analyse sur les électeurs et sur les candidats à l’élection.
- élections régionales le 6 et le 12 décembre 2015
Aller voter suppose de pouvoir s'identifier, avec plaisir. Cette relation entre le candidat et l'électeur se décline en 3 points : la représentation ne doit pas se diluer à cause du cumul de mandats, elle doit avoir une visibilité plus large que l'expression personnelle, en direct et, enfin, elle doit être l'intime conviction.
- Candidats /Electeurs : cumul des mandats
Les listes se construisent avec les élus actuels ou des élus européens ou nationaux : une aristocratie ou une élite. En fait, sur un territoire aussi vaste, et avec le mode de communication de masse, les conseillers en communication vont construire des personnes médiatiques, afin de motiver le déplacement au bureau de vote. En face les électeurs devraient être capables d'envisager les choix régionaux (connaître les choix pour les compétences de la collectivité), non systématiquement liés à la politique nationale, ce que nous écoutons à la télévision.....
- Candidats /Electeurs : Des élus parachutés !
Des candidats en activité professionnelle à Paris, parachuté localement marquent une élection favorablement ou l'inverse suivant la personne (partisan ou détracteur). En fait, il y en a toujours eu et ces candidats ont été élus avec leur renommée
Dans une société où la population est mobile pour raison professionnelle ou par convenance personnelle, ce critère n'a plus beaucoup d'importance ; chacun de nous se parachute facilement ; Le territoire physique n'est plus celui qui fait exclure ; « Ce candidat n'est pas de chez nous » n'a plus cours..
- Candidats /Electeurs : le vote obligatoire ou par conviction
La citoyenneté démocratique consiste à faire participer chaque citoyen pour vivre sous le pouvoir de la société de manière démocratique. La démocratie serait la représentation sans déformation des pratiques et des objectifs des individus. Ces individus tiennent compte de la société, sinon ils ne sont pas pour la citoyenneté (2), ils sont ….... individualistes. Objectivement, l'individualisme est un caractère marquant de notre société contemporaine.
Pour un candidat, être porteur de la foi de la majorité de tous les électeurs donne une carapace de légitimité. Cela incline à donner une réponse positive à la question : Doit-il y avoir une obligation de vote pour les habitants de nationalité française, de plus de 18 ans ?
Avant de définir l'action obligatoire, nous voyons que la définition du redevable est spécieuse (3) .
Ensuite, la question sous entend que le corps social à contraindre est l'ensemble des électeurs.
S'il y avait une obligation, cela marquerait un changement des pratiques françaises : Les droits de l'Homme sont explicites (4) et il faut que les députés prouvent que l'abstention est nuisible à la Société. L'article 2 de la Constitution de 1958 dit '' La devise de la République est « Liberté, Égalité, Fraternité » ''. 1 Est-ce que l'abstention est nuisible à la liberté ? Non, elle en est la preuve.
2 Est-ce que l'abstention est nuisible à l'égalité ? Non, car le choix de l'abstentionniste n'est pas connu (négligence ou absence de préférence), et celui du votant, vote secret, ne l'est pas plus.
Dans la République (5) il est considéré comme sain de participer à la représentation du « peuple », de la « nation », et cette délégation de pouvoir est libre par la mise à distance entre les Hommes, par le secret. Cette analyse suppose donc, qu'il est malsain de ne pas voter, de s'abstenir ; Il faut que la société les soigne par la formation (ou la propagande) ou aux politiques de changer . Remarquons qu'au cours de l'Histoire, les responsables politiques, de droite et de gauche, ont prouvé qu'ils considéraient l'abstention comme une manière de marquer un désaccord : Vérité d'un jour ?
En conclusion, si la démocratie est vivante, l'abstention peut être la source de nouveaux mouvements politiques. Si ce n'est pas le cas, cela signifie que le système de délégation de pouvoir n'est pas approuvé par les électeurs ! La constitution est à réformer.
3 Est-ce que l'abstention est nuisible à la fraternité ? Oui, car les partisans regrettent que les abstenus empêchent de bien représenter le''peuple'', de participer à l'illusion ''FN majoritaire''..
Les suffrages des personnes, qui se déplacent pour marquer qu'elles ne voient que blancs bonnets et bonnets blancs sont consciencieux et inutiles. Les choix minoritaires (''petits candidats'', blancs, nuls), ne flattent pas les ''ego sum qui sum'' (6) des candidats. Mais faut-il des convertir car irrévérencieux ?
Obliger au vote pour décembre 2015, dans la conjoncture, serait favorable au Parti Socialiste, d’après la presse. Mais chroniquement, cela amènera à voter contre celui qui est au pouvoir,(7) et surtout celui qui va gagner (et fera payer les contraventions aux personnes forcées).
Au lieu d'une loi perverse, il faut analyser l'intérêt que la moitié des électeurs trouvent à ne pas voter.
1- le scrutin est important chaque 6 ans, pour la présidentielle et les députés.
2- les soirées électorales sont fastidieuses, avec affichage de la mauvaise foi des partis (8).
3- on ne vote jamais en fin de mandat : approbation d'un rapport d'activité et moral / promesses.
4- les conclusions des votes peuvent être changés par le découpage des circonscriptions.
5- les votes aristocratiques (intercommunalités, sénateurs) ou d'ancien régime (conseil économique et social), restent nombreux. Un vote démocratique comme celui du traité européen a été nié par les parlementaires.
6- les votes blancs sont comptés mais ils n'influencent rien. (i).
7- les électeurs ont beaucoup d'autres activités qui les intéressent.
L'autre versant de la réflexion est d'analyser l'intérêt que la moitié des électeurs trouvent à voter.
1- tout scrutin est jugé important ; C'est une foi et non pas un réel argument.
2- les soirées électorales ne sont pas sur toutes les chaînes de télévision. La situation de vote est banalisée. Une information est pertinente au niveau de la compétence de l'élu : communal, intercommunal, départemental-régional, national et européen.
Et il en est de même de l'électeur : réflexion sur les choix ou résultat du PMU ?
Le vote est un acte coutumier plus qu'une analyse.
3- on vote pour donner un mandat pour le mieux, suivant une idéologie : la réalité ne peut qu'être différente d' une promesse.
4- le découpage des circonscriptions, les modalités de vote donnent des poids différents entre citoyens. Ainsi, dans la communauté, la voix d'un électeur de petit village, désigne plus de représentants que celui de Magalas (9).
5- Le vote est également un moment pour se montrer, pour signifier que l'on porte de l'intérêt à la vie sociale ; Cela peut être utile sachant que les élus et acteurs sociaux peuvent avoir des mots favorables pour la vie personnelle.
Enfin, il n'est possible de penser qu'une seule chose : les mêmes causes produisent les mêmes effets, et les idéologie d'analyse, de pondération, d'actions proportionnées se trouvent plus chez les votants que chez les abstentionnistes.
Alors, souhaitons qu'en décembre, vote qui veut !
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NOTES
1Déposée en juillet 2012 ; 1 an et demi de réflexion
2La citoyenneté dans l'ancien régime, dans l'action publique était marquée par la délégation de pouvoir en public (vote non secret), avec la pression de ceux qui ont le pouvoir.
3Qui n'a qu'une apparence de vérité ou justice (Larousse - 1912-)
hors sujet : les limites du droit de vote.
4 DÉCLARATION DES DROITS DE L’HOMME
ET DU CITOYEN DE 1789 Article V
La Loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n’est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas. http://www.assemblee-nationale.fr/connaissance/constitution.asp
5http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/citoyen/participation/voter/droit-vote/abstention-vote-blanc-vote-nul-quelles-differences.html
6Je suis celui que je suis : Exode ,III,14 : parole de de dieu à Moïse
7 C'était déjà la crainte des parlementaires, à propos du vote blanc. Source :http://www.assemblee-nationale.fr/14/cri/2012-2013/20130069.asp#P477_128287
8Le point 14 mai 2015 page 130 : les pieds dans l'urne par Marc Dugain
9Magalas =1élu/398 voix, Montesquieu = 1 élu/32 voix. . Pourtant, si la réalité confirme l'abstention à Magalas, et l' infirme à Montesquieu.
i Compte rendu intégral Première séance du jeudi 22 novembre 2012
Source :http://www.assemblee-nationale.fr/14/cri/2012-2013/20130069.asp#P477_128287 M. Yves Jégo. Je vous remercie pour vos félicitations.
Nous devons nous interroger sur le modèle du scrutin majoritaire qui donnerait toute sa force à l’élu. Il est extrêmement important, mes chers collègues, d’entendre ces Français qui se lèvent le matin, qui se déplacent, qui font l’effort d’aller voter et qui mettent un bulletin blanc dans l’urne. Ils expriment quelque chose, une attente, un message que l’on ne peut pas ne pas entendre dans une démocratie. En outre, lorsqu’il s’agit de l’élection présidentielle et que plus de deux millions de nos compatriotes font ce geste, cet effort d’aller exprimer par le biais des urnes un message citoyen, il est de notre devoir de reconnaître l’existence de ces électeurs. Nous devons nous obliger collectivement, nous, partis politiques, à les entendre.
Pour l’instant, la non-reconnaissance du vote blanc fait que nous nous interdisons de les voir. Nous ne voulons pas savoir qui ils sont, nous les confondons avec ceux qui se sont trompés et nous dévoyons l’effort qu’ils ont fait.
On ne peut pas, à chaque élection, s’interroger sur la faiblesse de la participation, qui concerne un très grand nombre de scrutins. On ne peut pas non plus continuer à entendre, le soir d’une élection, les hommes politiques dire sur les plateaux de télévision que les Français ne se sont pas mobilisés, alors qu’ils ne leur offrent pas la possibilité de le faire. Croyez-moi, si le vote blanc était reconnu et comptabilisé, je suis sûr que beaucoup plus de nos compatriotes iraient voter. Nous pourrions enfin distinguer ceux qui ne remplissent pas leur devoir civique de ceux qui veulent, en remplissant leur devoir civique, exprimer autre chose que l’offre formatée que nous leur fournissons.
Il s’agit d’une évolution très forte de la démocratie. À l’heure des réseaux sociaux et de la capacité de mobilisation des citoyens en dehors des urnes, à l’heure où la possibilité d’exprimer tant de choses leur est offerte, l’avancée que le groupe UDI vous propose me semble être extrêmement importante. Beaucoup plus qu’anecdotique, elle va dans le sens de plus de démocratie, de plus de reconnaissance des citoyens, de plus d’écoute. Et, ce n’est pas l’actualité récente qui me démentira, si l’on veut redonner à la politique toute sa noblesse, il faut garantir au citoyen que, quoi qu’il exprime, nous l’entendrons ; il faut lui offrir d’autres voies que celles de l’extrémisme pour exprimer son mécontentement ou son rejet.
Il faut que nous sachions, nous, les partis politiques, regarder en face ceux qui nous disent collectivement que nous n’écoutons plus assez, que nous n’entendons pas, que nous sommes déconnectés de la réalité. Il faut enchanter, il faut faire vivre la démocratie, il faut avoir la capacité de moderniser nos institutions. Il n’y aurait que les institutions de la République qui ne se moderniseraient pas à l’heure où la vie de nos compatriotes se modernise avec tous les outils d’expression et d’échange qui s’offrent à eux ? Le débat de ce matin doit être à la hauteur, c’est-à-dire un vrai débat citoyen sur la démocratie, sur la façon de la faire vivre et sur la relation si compliquée entre les élus que nous sommes et les Français qui nous attendent et nous regardent.
Bien entendu, le groupe UDI apporte tout son soutien à cette proposition de loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDI.)
Mme la présidente. La parole est à Mme Marietta Karamanli.
Mme Marietta Karamanli. Madame la présidente, monsieur le ministre délégué, chers collègues, la proposition de loi dont nous débattons ce matin s’inscrit dans une longue tradition parlementaire, illustrée par de multiples propositions de loi visant à prendre en compte le vote blanc, comme l’a très justement rappelé Jean-Jacques Urvoas.
L’article 1er du texte pose un double principe. D’une part, il prévoit le décompte séparé des bulletins blancs. D’autre part, il dispose que les bulletins blancs seront pris en compte pour la détermination des suffrages exprimés.
Je souhaite vous faire partager trois idées.
D’abord, il est nécessaire de mieux prendre en compte le vote blanc.
Ensuite, sa prise en compte dans les suffrages exprimés poserait des problèmes qui ne sont pas que juridiques.
Enfin, l’exercice effectif de la citoyenneté ne se décrète pas, il se construit socialement et politiquement.
Chacun de nous a conscience que l’abstention porte atteinte à la légitimité des élections et des élus qui ont la charge de l’intérêt général, au nom des valeurs et des projets qu’ils portent.
L’abstention a atteint près de 44 % au second tour des élections législatives de juin 2012. C’est un chiffre record sous la Ve République.
Certaines études électorales ont mis en évidence un lien entre l’abstention et le vote blanc, une sorte de relation en creux où lorsque l’un augmente, l’autre recule. Reconnaître le vote blanc serait en permettre la reconnaissance positive, voire protestataire, au regard de l’offre politique. À ce titre, il est positif de l’isoler des votes nuls.
Faut-il aller au-delà et agréger les bulletins blancs avec les suffrages exprimés ?
En l’état, l’exclusion des votes blancs tend mécaniquement à gonfler les suffrages remportés par les différents candidats. En les agrégeant, on rétablirait en quelque sorte l’audience exacte des candidats et on ferait justice des intentions réelles des électeurs dans leur diversité.
Néanmoins, cette prise en compte n’est pas sans créer des difficultés et poser des questions.
Les risques significatifs ne sont pas ceux liés à la complication des dépouillements, à la multiplication des seconds tours, à la possible supériorité en nombre des suffrages blancs sur les suffrages exprimés et à la question de savoir s’il y aurait alors un élu.
Non, la prise en compte des votes blancs dans les suffrages exprimés pose un problème de légitimité qu’il ne faut pas sous-estimer. Des situations peuvent se produire où des candidats en nombre croissant pourraient être élus sans obtenir la majorité des suffrages exprimés. Des situations pourraient naître où le vote blanc serait majoritaire de façon absolue au premier tour ou relative au second tour. Il y aurait alors une fragilisation des élus comme il n’y en a jamais eu.
Une élection démocratique n’est pas une mesure de l’opinion ou un sondage. On n’y vote pas pour soi, on vote pour trancher et faire valoir un intérêt de la société. La finalité des élections demeure la désignation d’un ou de plusieurs représentants ou la réponse à une question.
Dans ces conditions, assimiler le vote blanc à un suffrage exprimé conduirait à dénaturer l’élection. La légitimité démocratique en pâtirait et une telle situation serait loin de votre intention originelle.
II y aurait un effet d'aubaine pour tous ceux qui, cherchant à détourner des scrutins, en dévaloriseraient systématiquement les résultats quand bien même rien ne permettrait de conclure quant à leur signification. Dans ces conditions, si reconnaître le vote blanc paraît utile, l'assimiler à un choix clair de dénonciation ou à un choix par défaut est téméraire.
J'en viens brièvement à ma dernière idée. L'exercice effectif de la citoyenneté ne se décrète pas. Il se construit socialement et politiquement. Le vote blanc est un thermomètre qui ne dit pas en quoi le corps électoral est malade. Il ne peut donc pas être assimilé à un suffrage exprimé. Il n'est pas non plus la thérapeutique qui fera revenir vers les urnes nos concitoyens qui en trop grand nombre se détournent du vote comme participation à la communauté nationale et civique et comme choix nous engageant tous.
C'est plutôt en faisant retrouver aux Français les liens qui devraient exister entre les choix politiques et les réalités économiques et sociales vécues que nous pouvons espérer les compter à nouveau plus nombreux aux élections. C'est en innovant par des pratiques politiques responsables et humaines, en faisant correspondre les actes de gestion aux discours et promesses de campagne et en luttant contre les inégalités qui créent un sentiment d'impuissance chez ceux qui en sont les victimes que nous retrouverons de l'engagement citoyen. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)